j'ai rencontré Frédéric Pajak, pas l'homme mais l'auteur, un soir de décembre 1999 au rayon sciences humaines de la librairie Flammarion. Il y avait là, sur la table des nouveautés des PUF, une belle couverture intrigante, pleine de références et d'humour mélancolique dont je ne pouvais qu'être preneur : en noir et rouge sur fond crème se découpait son titre impeccable, L'Immense Solitude. En le feuilletant, je découvrais, en regard du texte, des dessins pleine page en noir et blanc. Je me souviens d'avoir non seulement très vite décidé de l'acheter, mais d'avoir eu ce geste délibérément emphatique de le serrer contre moi, heureux d'avoir trouvé un livre qui puisse tenir les promesses  que le peu que j'avais lu me laissait espérer.
Car pour tous lecteurs, amoureux des livres et du papier, le vrai plaisir attendu de la fréquentation régulière des bouquinistes, des bibliothèques et des librairies n'est pas tant de trouver le volume qu'on souhaite déjà acquérir que de musarder dans les rayons au gré de l'humeur, du hasard et des envies, d'ouvrir des livres d'auteurs inconnus, de les toucher, de lire quelques lignes ça et là jusqu'à ce qu'un mot, une phrase, une image, un je ne sais quoi vous arrête, vous interpelle, vous attire. Monte alors une attente plus précise, merveilleuse et circonspecte, un mélange d'espoir et d'excitation et le désir que ce livre puisse se révéler une découverte,  qu'il puisse une nouvelle fois combler vos attentes et s'inscrire dans le florilège de vos textes intimes. Quand l'intuition s'accomplit,  on sait qu'à tout jamais ce livre sera un refuge contre l'adversité, il vous tiendra chaud l'hiver et vous aidera à vivre. 
Je ne savais rien de ce Pajak mais d'instinct j'eus la conviction que je tenais là un trésor, un livre fait du même métal que celui de mes auteurs de prédilection. J'emportai L'Immense Solitude chez moi et sa lecture me combla. A cette époque, j'ignorais qu'un jour je serai libraire, que j'aurais le privilège de partager mes goûts, de défendre les auteurs que j'aime et, parfois, de les rencontrer. E2003, Jean-Marc Scanreigh, peintre et critique d'art, est passé au Bal des ardents accompagné de Frédéric Pajak.  Et pour moi ce fut une belle rencontre. Frédéric Pajak n'est pas seulement peintre et écrivain,  mais encore éditeur, critique d'art, cinéaste, directeur de journaux, de collections et, de surcroît, un grand lecteur. Malgré toutes ces casquettes hautement chronophages, Frédéric est un homme disponible, fiable et généreux. Les projets ne restent pas lettres mortes mais se concrétisent !  Ainsi depuis 2003, Le Bal des ardents a pu vous convier aux expositions d'originaux de ses propres dessins, mais encore ceux des autres tels Sempé, Reiser, Gébé, Tetsu, Anna Sommer, Egana, Muzo, Pavel Schmidt et Pascal.  Grâce à son soutien et sa gentillesse,  j'ai pu exposer récemment Micaël et Roland Topor. (...)
Pour cette fois, en ce Noël 2019, Le Bal des ardents accueille Frédéric Pajak pour une rencontre autour de son dernier livre et Huitième Manifeste Cartographie du souvenir, ainsi qu'une exposition de ses dessins de sous-bois qu'il dit peindre pour se détendre. Alléluia !

Frédéric Pajak est un peintre et écrivain franco-suisse né en 1955 dans les Hauts-de-Seine. Il a publié une vingtaine d’ouvrages, souvent écrits et dessinés, dont : Le Chagrin d’amour, Humour – une biographie de James Joyce, Nietzsche et son père, Nervosité générale, Mélancolie, aux PUF ; La Guerre sexuelle, J’entends des voix et Autoportrait, chez Gallimard. Il est l’éditeur des Cahiers dessinés.

Après L’Étrange Beauté du monde et En souvenir du monde, réalisés avec Lea Lund, après la nouvelle édition de L’Immense Solitude et les sept premiers volumes du Manifeste incertain (Avec Walter Benjamin, rêveur abîmé dans le paysage  ; Avec Nadja, André Breton, Walter Benjamin sous le ciel de Paris  ; La mort de Benjamin. Ezra Pound mis en cage  ; La liberté obligatoire. Gobineau l’irrécupérable  ; Vincent van Gogh. Une biographie  ; Blessures ; Emily Dickinson, Marina Tsvetaieva. L’immense poésie ; Cartographie du souvenir, Suisse, Chine, Paul Léautaud, Ernest Renan), les Éditions Noir sur Blanc poursuivent la publication des œuvres de Frédéric Pajak. Il a reçu, pour le Manifeste incertain 3, le prix Médicis Essai 2014 et le prix suisse de littérature 2015 ; ainsi que le prix Goncourt de la biographie 2019 pour le Manifeste incertain 7.

 

Frédéric Pajak est aussi le créateur et l'éditeur de la plus belle des revues consacrées au dessin sous toutes ses formes : Le Cahier Dessiné.

Et à la revue sont associées des monographies : tout le catalogue est disponible toute l'année au Bal. Passez les admirer !